ORGUE D'ÉGLISE À TUYAUX, OU ORGUE LITURGIQUE DE CATHÉDRALE
ORGUE DÉFINITION
L'orgue est un instrument de musique masculin au singulier et féminin au pluriel, caractérisé par un son riche, soutenu et multitimbral, qui désigne l'orgue liturgique d'église ou orgue à tuyaux, et les orgues amplifiées. L'orgue d'église ou liturgique, est un instrument de musique à vent volumineux, constitué d'un assortiment de tuyaux ou jeux, résonnant sous la pression d'air injecté par une soufflerie, et dont les notes sont émises par l'intermédiaire de claviers, pédalier et tirasses. Les orgues amplifiées, orgue Hammond, orgue électronique et orgue numérique, restituent des sons censés imiter ceux de l'orgue à tuyaux. |
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ORGUE
A TUYAUX CARACTÉRISTIQUES
L'orgue
est un instrument à vent qui se distingue déjà
des autres par sa taille imposante, mais aussi par sa capacité
à prolonger le son aussi longtemps que le doigt reste appuyé
sur une touche, à l'opposé du piano ou du clavecin.
L'orgue se différencie aussi par sa puissance et la multiplicité
de ses timbres, caractères qui lui ont valu l'appellation
de "roi des instruments".
L'orgue
est essentiellement composé de tuyaux,
de claviers, d'un pédalier, de tirasses
et d'une soufflerie.
Il
est associé de longue date à l'église, qui en a fait son instrument-roi depuis des siècles. "Orgue"
a pour étymologie le mot grec "organon" (organum
en latin), signifiant instrument, en rapport avec son système
mécanique relativement complexe.
ORGUE
MASCULIN OU FEMININ ?
Enfin,
le mot "orgue" présente une singulatité
orthographique : Orgue est masculin au singulier et feminin au
pluriel : un grand orgue, de grandes orgues. Souvenez vous d'amours
délices et orgues !
HISTOIRE
DE L'ORGUE - ORIGINE ET HISTORIQUE DE L'ORGUE À TUYAUX |
INVENTION
DE L'ORGUE • CTESIBIOS IMAGINE L'HYDRAULE, ANCÊTRE
DE L'ORGUE
Avant
l'orgue il y a eu le roseau et le souffle humain. L'homme avait
inventé la flûte, et parallèlement une sorte
d'instrument à anche primitif, la "magudi"
indienne, qui fut l'une des ancêtres de la clarinette. Ces
instruments venus de la nuit des temps ont préfiguré
les deux grandes catégories de jeux de l'orgue, les jeux "à bouche" et les "jeux
d'anches".
L'origine de l'orgue remonte à environ
300 ans avant notre ère. C'est CTESIBIOS, ingénieur grec vivant en Alexandrie, qui eut le premier l'idée
de concevoir une machine qui remplacerait le souffle humain pour
faire sonner des flûtes. Une cloche
immergée dans l'eau fournirait l'air sous pression : L'hydraule,
ou orgue hydraulique venait de naître.
L'ORGUE PORTATIF À SOUFFLET EST UTILISÉ
DANS LES JEUX DE CIRQUE BIEN AVANT D'ENTRER À L'ÉGLISE
Cette machine encombrante et intransportable fut vite remplacée par un système à soufflet, activé par le
musicien lui-même.
Le nouvel instrument connut un grand
essor en Grèce et dans la Rome antique. Avec sa quinzaine
de "tuyaux" en roseaux de différentes longueurs
et un système de tirettes en bois, cet orgue portatif,
très sonore, était utilisé dans les fêtes
païennes et les jeux de cirque. N'oublions pas de le rappeler à ceux qui voient dans
l'orgue un instrument "sacré".
Vers
l'an 750, époque du Grégorien, l'orgue se répand en occident dans les abbayes,
églises et cathédrales. Un clavier remplace
alors les tirettes, avec traction mécanique. L'organiste
commençe à jouer avec les deux mains, pendant qu'une
tierce personne actionne les soufflets.
ORGUE
POSITIF, GRAND ORGUE ET GRANDES ORGUES
Des
tuyaux de formes et de dimensions différentes sont mis
en place, plus volumineux, avec de nouvelles sonorités.
Le "grand orgue" s'installe
ainsi au fond de l'église. Le "petit orgue" de
chur, alors récupéré est placé
au bord de la tribune sous l'appellation de "positif",
pour permettait les premiers accouplements entre les deux instruments.
Les "grandes orgues" venaient
de naître. Aujourd'hui, un orgue peut comporter entre 1000
et 30.000 tuyaux !
LE
PÉDALIER D'ORGUE, CLAVIER
D'ORGUE SUPPLÉMENTAIRE... POUR JOUER AVEC LES PIEDS !
Puis
ce fut la naissance du pédalier d'orgue, qui permet à
l'organiste de jouer avec les pieds de véritables parties
musicales. L'orgue a conquis ainsi au cours des siècles
une place de plus en plus prestigieuse, se perfectionnant toujours
(soufflerie électrique et transmissions pneumatiques ou
électriques). Il s'est imposé de par sa majesté
et sa puissance, comme l'instrument roi des églises et
cathédrales.
LE
BUFFET DE L'ORGUE
Le buffet de l'orgue possède les fonctions de cacher, protéger,
joue également un rôle essentiel de porte-voix et
de résonateur ; ues.Les
orgues ont souvent un rôle décoratif important.
DESCRIPTION, MÉCANISME ET FONCTIONNEMENT DE L'ORGUE À
TUYAUX |

Orgue classique moderne : une mécanique complexe
Ici, Jean-Christian Michel à la cathédrale de genève
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Nous
allons décrire et détailler ici les éléments qui composent
le mécanisme de l'orgue et essayer d'expliquer son fonctionnement.
LE
MÉCANISME DE L'ORGUE À TUYAUX COMPREND
:
LA CONSOLE & LES CLAVIERS
la
console de l'orgue véritable centre nerveux de l’instrument
comprend un ou plusieurs claviers, le pédalier, les tirasses,
et les appels de registres et accouplements.
LA SOUFFLERIE
La
soufflerie de l'orgue, alimentée aujourd'hui par un compresseur
électrique, s'est substituée à celle actionnée
par des pédales. L'air comprimé est acheminé
au sommier par une tuyauterie assez compliquée.
LE SOMMIER
Le
sommier de l'orgue est le "plancher" sur lequel reposent
les tuyaux. Le sommier distribue l’air comprimé aux
différents tuyaux.
LA TRANSMISSION
La
transmission est le système qui communique aux soupapes
du sommier l'action des touches du (des) clavier. La transmission
peut être mécanique, pneumatique, électrique
ou encore électropneumatique. Beaucoup d'organistes préfèrent
la transmission mécanique, dont le toucher est, certes
un peu dur, mais plus précis. Il arrive que la transmission
se coince sur une note, et on parle alors de cornement.
LES TUYAUX ET LES JEUX DE L'ORGUE
Ce
sont les tuyaux d'orgue qui vont émettre le son sous l'action
de l’air sous pression venant du sommier. Les tuyaux sont
en bois, en cuivre ou en étain : ils apparaissent en façade
(montre), en chamade... La majorité des tuyaux de l'orgue,
tels la partie immergée d'un iceberg, sont invisibles,
et occupent un volume important sur le sommier en arrière
de la façade. Les tuyaux sont groupés en jeux. Ils
se différencient, comme nous le verrons, en deux
grandes catégories : flûtes ou jeux à bouche,
et anches.
FONCTIONNEMENT
DE L'ORGUE À TUYAUX

Schéma de fonctionnement de l'orgue à tuyaux
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La turbine ou la soufflerie (A) comprime l'air qui est
emmagasiné dans les soufflets ou réservoirs (B). Une tuyauterie (C) achemine l'air vers les sommiers (D) supportant les tuyaux (E).
Les soupapes (F) des sommiers, actionnées par le clavier et le pédalier (G),
envoient l'air dans les tuyaux correspondants. |
Si
la mécanique de l'orgue à tuyaux a évolué
au cours des siècles, son principe de fonctionnement n'a
pas beaucoup varié :
La
soufflerie ou la turbine électrique alimente des réservoirs
primaires qui stockent l'air sous pression. Cet air est acheminé
par un système de conduits, jusqu'aux tuyaux d'orgue organisés
en "jeux" sur le sommier.
Les
tirasses de registres, les claviers, le pédalier, appels
et accouplements, situés sur la console permettent
de déclencher, par l'intermédiaire du système
de transmission, l'ouverture de soupapes. Celles-ci gèrent
donc l'émission d'air dans les tuyaux : les jeux de l'orgue
resteront muets ou "parleront" selon que les notes seront
jouées ou pas, que les tirasses seront enfoncées
ou non, etc.
JEUX
ET REGISTRES DE L'ORGUE À TUYAUX |

Tirasses de jeux d'orgue |

Tuyaux
d'Orgue |
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JEU D'ORGUE DÉFINITION
Un jeu d'orgue représente un assortiment de tuyaux engendrant
le même timbre. On les divise en 2 familles : Jeux d'anches et flûtes.
REGISTRE DÉFINITION
-
En musique, registre définit l'étendue de l'échelle
musicale. Par exemple, on dira que la clarinette possède un registre
de plus de trois octaves, du mi grave au contre-sol suraigu.
- Dans l'orgue, registre désigne le mécanisme
particulier (une sorte de latte percée de trous) qui permet d'appeler un jeu. En permettant ou obturant le passage de l'air, le registre fera parler ou rendra muet un groupe de tuyaux. Le registre fermé ne fera pas coincider les trous avec l'entrée des tuyaux et le jeu restera muet.
Les registres sont au nombre de plus
d'une centaine, mais on ne compte que deux grandes catégories
de jeux d'orgue : les flûtes et les anches. La registration consiste à choisir et accoupler différents registres, ce qui constitue une véritable orchestation.
LES FLÛTES OU JEUX "A BOUCHE" - FONDS, MIXTURES ET JEUX DE MUTATION
Les
flûtes ou jeux d'orgue à bouche, jeux de fonds et
jeux de mutations utilisent le principe de la flûte à
bec. L'air envoyé à travers une fente "la lumière",
va heurter le "biseau", une pièce de plomb qui
fera sifflet. La colonne d'air générée dans
le corps du tuyau va entrer en résonance.
Selon
les lois de l'acoustique, plus le tuyau sera long, plus la fréquence
de vibration sera lente et plus le son émis sera grave.
Les jeux d'orgue "à bouche" produisent des son
doux et flûtés. Ce sont des jeux dont les tuyaux
sont en bois de forme carrée, mais il en existe aussi en
étain.
Les
jeux de flûtes, ou jeux d'orgue à bouche comprennent,
sans trop entrer dans le détail, les jeux de fond, les
mixtures et les jeux de mutation.
JEUX
DE FONDS DE L'ORGUE
Les jeux de fonds de l'orgue, se subdivisent en quatre grandes
familles :
-
Les "flûtes bouchées" - Ces flûtes
sonnent une octave plus bas que les autres tuyaux du fait qu'elles
sont bouchées. Elles comprennent bourdons et quintatons.
-
Les "flûtes de l'orgue à taille large"
englobent flûtes et bourdons.
- Les "principaux" dont la taille est moyenne, sont
la base de l'édifice sonore de l'orgue, avec leurs "montres"
(tuyaux en façade), prestants, doublettes...
- Les "Jeux à taille étroite" de l'orgue
: ce sont les gambes et salicionals avec leur sons mordants, qui
vont rappeler les timbres des instruments à cordes. Certains
jeux à taille très étroite, dans l'orgue
romantique, vont même jusqu'à imiter le violon.
JEUX DE MIXTURES DE L'ORGUE ET JEUX DE MUTATIONS
Les
jeux de mutations et mixtures, en se combinant aux fondamentales de l'orgue, vont "éclairer" leurs timbres à
la manière d'un rayon de soleil filtrant à travers
un vitrail : quinte (ou nazard), tierce, larigot (super quinte),
cornets, pleins jeux... Le cornet fait "parler" simultanément 5 tuyaux exprimant chacune les 5 premières harmoniques naturelles. Ajouté au tutti des jeux d'anches, le cornet constitue le plein jeu.
DEUXIÈME CATÉGORIE DE
JEUX D'ORGUE : LES JEUX D'ANCHES
Les
jeux d'orgue dits à "anches" fonctionnent à
la manière d'une clarinette ou d'un hautbois. L'air fait vibrer une anche.
Comme dans la clarinette, le tuyau sert de tube résonateur. Le timbre est éclatant, riche en harmoniques et donne à
l'orgue sa force et sa virilité. Ces jeux sont en étain
et comprennent : trompettes, clairon, bombarde, chamades, cromorne,
clarinette, hautbois, voix humaine, régale, chalumeau etc. On dit du chalumeau qu'il est un "Jeu d’anche à corps raccourci", car le tuyau est court et se termine par une sorte de renflement.
REGISTRATION
DE L'ORGUE
On
appelle registration la combinaison des jeux que l'organiste choisit
pour interpréter une pièce d'orgue. L'organiste
crée ainsi sa propre orchestration en combinant ou alternant les jeux tout au long du morceau. Il
utilise pour cela les tirants de registre, les accouplements etc.
La registration est un art comparable à celui de l'instrumentation
proposée par un chef d'orchestre, et il faut se souvenir
que de très nombreux compositeurs étaient organistes.
ORGUE
BAROQUE, CLASSIQUE ET ROMANTIQUE |
ORGUE BAROQUE
L'orgue
baroque encore à transmission mécanique est maintenant parfaitement au point. De
nouveaux claviers sont mis en place.
L'époque baroque est celle de Jean-Sébasten Bach, qui apporte lui-même des perfectionnements à l'instrument, et celle aussi naturellement des grands facteurs, Cliquot et Silbermann.
ORGUE CLASSIQUE
L'orgue
classique est l'orgue "à l'état pur", sans fioritures,
avec des "vrais" jeux d'orgue. L'orgue classique se
contente de ses plein-jeux clairs et éclatants, de ses
flûtes limpides et chuchotantes et des ses anches rugueuses
et mâles.
La grande période de l'orgue classique s'étend du
XIVe au XIXe siècle. Cette époque met en exergue
l'expérience et la maîtrise de ses facteurs
d'orgue. L'instrument est sans cesse amélioré
dans le respect de la rigueur et de la tradition, qui veut qu'un
orgue sonne avec puissance en faisant resplendir ses pleins jeux
purs...
ORGUE ROMANTIQUE
L'orgue
romantique, par opposition à l'orgue classique se veut
un succédané de l'orchestre. Disparus, les plein-jeux !
L'orgue romantique vise à atteindre une esthétique
symphonique, bien en rapport avec les besoins de l'époque.
L'orgue
romantique est marqué par la griffe du célèbre
facteur d'orgues CAVAILLÉ-COLL, qui édulcore avec talent, certes, mais
un peu trop, la personnalité austère et brillante
de l'orgue classique. Un grand mérite de la facture romantique
cependant : toute la mécanique est améliorée
et l'orgue est rendu plus maniable. |